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Tombe la lune au fil des mots
8 août 2010

progression

D'abord, elle s'insinue en moi sans que je ne m'en rende vraiment compte. Soudain, ma conscience est reliée à sa présence: je le sais, elle est là. Traîtresse, elle se fait insignifiante, comme juste présente et sans réelle importance. Il y a longtemps je ne la connaissais pas, je l'ai crue! Maintenant, je la repère;je sais qu'elle va grandir et m'envahir jusqu'à me faire perdre la raison.

Je vaque à ma vie en la mettant de côté sous un antalgique et elle se rappelle à moi, plus tard par sa force ou sa place. Plus lourde, plus grande et désormais elles sont deux: une dans ma tête et l'autre dans mon estomac. Elles se parlent, jouent à cache-cache, s'en vont, s'atténuent reviennent. Je parle moins bien, je cherche mes mots, ils ne viennent pas. Combien je pense à ceux qui ont eu des AVC et qui cherchent leur vie durant à retrouver leurs mots.....

Mes maux s'engouffrent dans ma conscience et je perds celle de l'extérieur. Tout me demande effort. Parler naturellement. Réfléchir,  poser ma pensée et raisonner. Regarder, même voir simplement deviennent compliqués. Dessiner chaque lettre sur le papier ou pire, au tableau, la lumière du rétro devient une torture. Conduire. Ecouter, entendre. Sentir. Un à un mes sens s'engourdissent et je me retrouve dans une sorte de halo ouaté où la vie me parvient à travers le filtre de ma douleur. Je me retire du monde. Le peu de rationalité que j'ai encore, me dit que c'est un mauvais moment à passer, que je ne vais pas mourir, que demain ou dans trois jours ça ira mieux. Je m'accroche. Je me sédate.

Puis c'est l'heure. L'apothéose arrive en point d'exclamation dont la pointe est si tranchante qu'elle me trépane. Le feu d'artifice explose dans mon crâne et mes connections ne se font plus. J'ai l'impression que mon cerveau va sortir par mes narines ou mes yeux. J'ai envie de me mettre en stand by. Tout mon corps est révolté, révulsé par la douleur. Je ne veux que rentrer pour prendre mon médicament. Oui, mais voilà. Comment faire quand on a 23 gamins à qui on doit enseigner encore quatre périodes, où il faut faire la police, gérer leurs cris, où le bruit d'une règle qui rebondit sur le sol résonne en soi comme le départ d'un Tupolev 144 à pleine puissance. Et il faudra rentrer, faire à manger s'occuper des enfants. 

Le pire, je crois, c'est de voir l'amusement dans le regard d'autrui lorsqu'on dit qu'on a "mal à la tête", pudiquement, alors que la tour de contrôle de Cointrain a pris ses quartiers dans votre cerveau. 

A chaque je crois que je ne pourrai plus. Puis elles reviennent, régulièrement. Je voudrais juste que mes enfants y échappent.... Elles font partie de moi, me disent ce que je ne supporte plus, que je suis trop fatiguée. Elles sont là .... mes migraines...

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Commentaires
L
Satanées migraines!
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