Embrasser le ciel immense, encore.

Peut-être que savourer une soirée à deux au coin du feu, devant un bon film et après un repas préparé ensemble, ou une ballade côte à côte dans le crissement des feuilles mortes ou le craquement de la neige, voire me réjouir d'un appel, lui choisir un cadeau, composer son numéro, effleurer son visage d'un doigt, discuter vaillamment d'un sujet sur lequel nous ne sommes pas d'accord, peut-être que toutes ces choses et d'autres encore, vécues à deux, pourraient me faire supporter plus avant ces heures où il me semble que ma source se vide.

Je suis fatiguée. Essentiellement, "tripalement", immanemment. Comme en circuit fermé. Physiquement bien sûr. Cette histoire avec Mme Stop m'a volé bien de l'énergie et j'en reste pantelante. Et puis, il faut bien le dire, se lever à 5 heures moins 5 tous les matins en y ajoutant les trajets, la vie de mère-de-famille-qui-assume-tout-toute-seule et qui complète son 60% par des cours privés pour compenser ce qui ne vient pas du père de ses enfants, ça use un peu. Mentalement, et c'est cela le plus dur, il faut gérer l'innocence et l'irrespect du grand. Sa naïveté face à mon désarroi. Sa méchanceté lorsqu'il me lance des piques, son indifférence quand je le mets en face de lui-même. Sa pré-adolescence, quoi. Il protège son père et me fait porter le chapeau. Il voit les dvds qu'ils reçoivent et que je ne peux leur offrir, mais ne se rendent pas compte que je paie le dentiste et l'assurance-maladie, moi, in extenso. Il faut aussi assumer les manques paternels de base. On ne coiffe pas la petiote, malgré ses demandes répétées et ce pendant tout un we. Comme ça, c'est chez Maman qu'elle hurle..... On lui met de vieux habits ou trop petits pour bien montrer le manque de moyens. Et je manque, quant à moi, très certainement d'objectivité.... 

Je suis fatiguée de demander l'argent que ME doit leur père pour NOS enfants, d'avoir bouffé ma réserve et de devoir trouver désormais une solution pour la reconstituer. Qu'il joue les jolis coeurs à des invitations où il est convié, où il tient à aller pour la gloriole, mais où il ne donne aucune attention, ni aucune affection et où il parle, parle, parle pour la galerie. Même si chez moi c'est génétique, je me demande si je bassine les autres comme il me bassine moi. Et s'il les fatigue autant qu'il me barbe..... J'ai peur de Noël. J'ai peur du peu que j'aurai cette année. J'aurais voulu enfin de l'authenticité. Je n'aurai encore que du paraître. Ou la guerre.

Je suis inquiète de demain et fatiguée de me demander comment faire. Car enfin, ma volonté a des limites, autant que mes journées. Comment faire pour cumuler. Plus que tant, je ne peux pas. Janvier sera terrible. Janvier sera vraiment terrible. Mais Mr s'en va, tranquille et pousse le bouchon si loin qu'il me fait parvenir des factures de mazout à mon nom pour sa citerne. Le coeur tranquille.

Je suis fatiguée de ces 12 années où il m'a menti. De celles où il continue et m'emprisonne en me refusant le divorce. Je me sens mourir un peu plus et cherche désespérément à savoir quelle route emprunter pour trouver le bénéfice de tout cela. Si j'en sors entière, j'aurai érigé à moi toute seule ma statue de force et rien ne pourra plus m'en déboulonner. A part peut-être la misère humaine, mes enfants, ceux que j'aime et qui m'aiment vraiment (et ceux-là je les reconnaîtrai)  ou celui avec qui j'embrasserai alors le ciel immense... 

Comments

[Livfourmi]

Zieuxbleus dit: Tu peux pas lui renvoyer ses factures dans la gueule???

C'est horrible ce que tu racontes... qu'est-ce que je peux bien faire moi?