plénitudes du dernier jour

Finalement ce matin, j'ai amené mon fils à l'école. Je suis entrée dans cette ruche bourdonnante d'odeurs de craie et de pâte à modeler, de linoléum et de gouache et je me suis laissée prendre comme à chaque fois. Mon coeur a battu au rythme de leur plume sur leur cahier et de leur doigt qui se levait. Dieu que j'aime ce métier....

Certains tiraient déjà la langue, appliqués sur leur agenda, d'autres frottaient encore leurs yeux engourdis du sommeil qui manquait encore. Ils ont levé leurs yeux sur l'étrangère qui envahissait leur univers et qui leur volait leur maîtresse pour quelques minutes et leurs regards inquisiteurs se sont posés sur mon fils qui se l'est jouée baroudeur. 

J'ai regardé les posters au mur, j'ai respiré les odeurs et quand j'ai repris ma voiture, mes yeux se sont posés sur le jour qui pointait et sur la neige qui scintillait au soleil levant. Le bois que j'ai traversé sentait bon et le matin était si odorant que je me suis arrêtée pour le respirer. J'ai vu les feuilles qui brillaient, les brindilles qui gouttaient de rosée, la mousse toute douce et le soleil qui émergeait à travers les arbres. J'ai respiré chaque odeur de ce que j'avais regardé, j'ai touché le froid du matin à travers ma peau et j'ai fini par m'enfoncer dans le douillet de ma veste et par rentrer. 

Au retour dans mon chez-moi, le feu qui crépitait a fini de m'adoucir et je me suis installée dans mon canapé avec ma fille qui s'est pelotonnée contre moi. Un chat a sauté sur nous et nous avons joué ensemble...

Le jour s'est tout levé. La clarté a envahi la maison. Le matin était vraiment là. J'avais vécu pleinement quelques minutes.