choisir mes mots
Choisir ses mots comme si c'était les derniers. A chaque fois recommencer la page et recréer un univers. Arriver à traduire ce qui vit au fond de moi et vous entendre dire que vous retrouvez vos vies, vos sentiments, vos soleils et vos pluies. Mais douter à chaque fois. Et quand certains me dizent qu'ils me découvrent à travers mes mots, comment voulez-vous que je me ne détourne pas le front cuisant l'air de rien, le regard qui s'enfuit? Parce qu'en vrai, c'est bien facile derrière mon écran... Déjà juste lire à haute voix à une oreille même bienveillante, c'est seulement insurmontable. Mais j'ai pris confiance en ces mots. Et j'ai pu dire... tant de choses à certains, à certaines. Juste avec mon coeur en sachant que mes mots pourraient porter ses messages.
Choisir mes mots sans honte et dire que j'aime, que j'ai peur, que je n'aime pas, que je vis mal ou bien. Et voilà que ces caractères tracés sur le papier mettent aussi mal à l'aise ceux qui les lisent. Ils vont trop au centre de l'autre et blessent sa pudeur de mon impudeur. J'ai passé des barrières qui n'auraient pas dû exister et qui ont juste fermé la porte. Mais la porte était déjà close avant que j'arrive car elle n'avait jamais vraiment été ouverte. Je viens de comprendre... Il m'a fallu me mettre face à moi-même pour appréhender quelqu'une. Vivre l'intensité de ma vie pour capter celle d'une femme qui m'était étrangère. Et soudain apercevoir l'immensité du vide de sa vie, le froid de son existence en comparaison avec la chaleur de la mienne.
Qui que je sois, quoi que je fasse, pardonnez-moi, mais je suis toujours sincère. Dans mes amours, mes amitiés, mes affections, mes regards et mes sourires. Je hais ces manipulations qui ont fait ma vie et qui tentaculent mon existence encore aujourd'hui. Je construis sur la transparence et je "dis" désormais en me foutant du prix que cela me coûte. Je dis le bonheur, je dis la peine... alors si choisir mes mots peut permettre de vivre aussi intensément, je crois que ce jeu-là en vaut la chandelle. Même si parfois le front cuit un peu fort et que la tête se détourne alors, bien avant que le corps prenne congé.