6 juin 2011
le souvenir
Il m'a dit que je n'aurais pas dû exister. Que ma trace sur la terre ne serait jamais que de celles qu'on oublie. Il m'a dit que même les premières heures sont à honnir et qu'il hait jusqu'à l'odeur de mon parfum. Il m'a dit que le grain de ma peau lui a fait horreur et qu'il se demande encore comment il m'a approchée. Il m'a dit. Ses mots ont coulé sur mes joues comme des vomissures de haine et j'ai cherché en moi le respect de ne pas lui cracher au visage.
Si j'ai compris le tarif de sa répulsion, il me reste, malgré tout, la valeur des heures où j'ai bercé nos deux bébés nichés dans mon cou. S'il ne m'a pas assez aimé pour fabriquer ces merveilleux êtres que je voudrais parfois suspendre par les pieds au balcon, quel jeu a-t-il joué ces années durant? Depuis combien de temps triche-t-il ainsi? Et quelle aveugle ai-je été?
Ce qui me touche le plus, ce n'est pas de ne laisser aucune trace dans sa mémoire ou que ma peau contre la sienne ne soit qu'un souvenir pénible, mais c'est de ne pas m'en être aperçue avant. S'il disait aimer mon rire, mon caractère (de cochon, comme chacun sait, je l'admets volontiers), ma perception de la vie, mes prises de décisions claires, mon "sens moral" (je cite), il vomit la plus belle chose que nous ayons créée ensemble et tourne le dos à son rôle.
Je m'en vais donc, le front bas, continuer de tenter de laisser ailleurs une modeste trace de qui je suis, en espérant malgré tout, que lorsque je m'en irai, quelqu'un gardera de moi, un souvenir ému...
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