ergo sum
Le bruissement d'ailes des papillons, les bougies qui parlent à travers le ciel, les rencontres rares qu'on fait par hasard, les discussions-découvertes qu'on n'imaginait jamais exister, les rires d'amitié sincère, je vis tout cela en ce moment. J'ai dit et répété à travers ces lignes que je cherchais ce que je pouvais apprendre des saletés que m'amenait mon existence. Pollyanna n'est pas très loin. En vrai, je reste persuadée qu'il y a apprendre de presque tout. Mes échecs passés n'en sont plus apparemment. Je regarde mes erreurs avec plus de tolérance.
Si je me retourne en faisant un constat, j'ai quitté le Rac avec le chagrin chevillé à l'âme. Celui de quitter ces collègues, ces élèves, ce partenariat où je me suis sentie à ma place, où j'ai trouvé celle que j'ai gagnée, mais aussi celle qu'on m'a accordée. La vie m'a fait le cadeau de me forcer à partir. J'ai alors rencontré une autre façon de faire, une autre manière de penser, d'autres moeurs où le monde est si différent qu'après un an seulement je me sens déjà si décalée.
J'ai souffert. Du début à la fin. Du joug au carcan en passant par la tricherie et le mensonge. Mais il y a eu aussi le plaisir. Intense, violent et joyeux, de vivre entre ces enfants si différents, mais si semblables aux autres. De belles rencontres m'ont enthousiasmé et elles ont porté mon existence au fil des jours. Enfants comme adultes. Et je remercie pour cela.
En parallèle, il y a eu ces lignes. Que certains lisent scrupuleusement et d'autres commentent et valident de tout leur coeur. Ces mots qui deviennent caresse ou arme et avec lesquels je me sens un peu moins apprentie-sorcière. Je fais confiance un peu plus à leur force, à leur jeu sous mes doigts et dans mon cerveau. Et je crois un peu plus en eux. Grâce à vous. A certains qui corrigent et apprécient ... ou pas. Je peux ainsi éviter de m'envoler trop haut.
Et ces sortes d'anges qui veillent sur moi, me portant la lumière vacillante au moment où je vais lâcher.
Toutes ces conjonctions m'ont donné une sorte d'ampleur que je ne me connaissais pas. Comme des ailes qui me donnent de l'équilibre. Je voudrais que cette envergure éclate au monde et qu'on sache enfin qui je suis. Et tant pis si je jette au diable une pseudo humilité que nous affichons tous aux yeux d'autrui.
Je veux être moi, et que ça se sache.