C'est joli Strauss...

Aucune fleur si ce n'est un bouquet misérable rassemblé par de l'alu et une rose négligée. Cinq valses de Strauss aléatoires diffusées par un haut-parleur improbable grésillant de désespoir. Une assemblée quant à elle, sincère et encore recueillie.

J'ai grimpé les trois marches et me suis accrochée à cette sorte de présentoir à pasteur aussi blanc que ma panique. Ils ont levé leur regard attentif. J'ai fermé les yeux. Aucun son ne sortait de ma gorge et seuls mes sanglots réprimés résonnaient dans les rangs serrés de l'église. J'ai craché la première phrase; lentement, un mot nu après l'autre. La seconde tirade a refusé toute transmission. Je regardais les lignes danser par-dessous mes lunettes, furieuse de ne pas dompter mon cerveau. Puis les mots se sont détachés, les uns après les autres, égrenés, vivants quant à eux.

Quand j'ai replié mon papier, il ne me restait que quelques secondes avant de m'effondrer. J'ai dû choisir. Sauter les marches qui me séparaient de ma chaise et donner l'impression de la chère enfant qui a récité sagement son compliment ou sombrer dans l'inconscience. Franchement, tomber dans les pommes ça aurait fait chenit, non? Ma chaise et Strauss furent d'un grand réconfort durant les quelques minutes qui nous ont livrés à nous-mêmes.

Puis j'ai dignement retrouvé le vide, l'hypocrisie du monde et l'indifférence...