J'aurai toujours confiance.
J'ai perdu, en même temps que mon dernier rempart contre l'adversité, la sensation rassurante d'appartenir à une horde telle que celle qui m'a portée pendant tant d'années. Avec les mois qui tournent et certains anniversaires qui brisent l'âme, brûle encore plus fort le sentiment d'être désormais en tête de train. Je repense à ma Mère, à Ma Grand-Mère qui, liées par cette sensation au-delà de toute autre, m'ont ouvert la route. Et demain, ce sera ma fille: cette puce qui gambade et dont le rire de gorge quand on la chatouille est une musique à mes oreilles. Je suis sûre d'être capable d'endurer mille choses, mille vies, mille terreurs au vu de ce que cette existence-ci m'a donné jusqu'à présent, mais je ne serai jamais capable de supporter la souffrance de mes enfants. Jamais.
Le pire, quand ils ont mal, c'est de se sentir si impuissant que même donner sa vie ne suffirait pas à les apaiser. Mais pouvoir rester fidèle, malgré sa peur, à ses valeurs et à ses confiances, savoir qu'il y a quelqu'un qui pourra déjà juste réfléchir sans décider et en qui on peut poser sa foi, est un autre rempart qui rassure. Il ne remplace rien, il console.
Il y a des gens pour qui je garderai toujours la même foi, éperdue et éternelle. Car enfin, choisir ses amis et être choisi d'eux est un trésor en regard de ces drames qui jalonnent une vie. Car c'est au travers de l'infortune que les épaules se font confortables et que les valeurs se rejoignent.
A 42 ans et des pommes, j'ai perdu le dernier du noyau des miens. Mais j'ai appris plus tard combien ceux qui m'entourent sont aussi "les miens" si je sais être "des leurs". Reste qu'eux ne me doivent rien. Reste que lui non plus ne me devait rien et reste cet autre sentiment, éperdu, de ne jamais pouvoir lui rendre ce que je lui dois.
Mes amis sont encore là, quant à eux. Par ces quelques mots, je voulais leur dire que je n'ai jamais douté, quelle que soit leur décision, et que jamais aucune colère n'a sali mon coeur.
Je vous embrasse. A bientôt.