homonymes
Je pensais me bonnifier avec le temps.... Comme un bon vin en fût de chêne. Mais je me sens comme un tonneau entouré de chaînes. La différence est majeure. Je pensais sincèrement que l'expérience rend meilleur si on sait en tirer l'essence. Apparaît brusquement que la courbe ascendente s'arrête et que tout stagne. Moi et la vie autour. J'ai toujours cru que le meilleur restait à venir et qu'il fallait se battre en attendant. J'ai combattu contre moi, ma nature et ceux que je croyais nocifs pour m'améliorer; je me trouve vide et sans relief. Comme si je prenais sans donner, comme si je devais me forcer alors que je me croyais généreuse. Et évidemment l'attente n'amène que l'envie de l'avenir en oubliant le moment présent.
La désillusion est rude. Je remets en question mes qualités de mère, d'amie, de femme, d'adulte et d'enseignante. Quelle impression que celle du vent au bord de la falaise! Quelle folie que celle d'avoir envie de sauter, juste pour voir, pour sentir, pour se sentir vivant pour de vrai.
Je repense aux heures d'enfant où je ne me rendais pas compte de qui étaient mes parents. Je me demande aujourd'hui quels regards ont mes enfants sur moi. On ne sait jamais vraiment. J'ai eu l'impression de tout faire. Mais rien n'est accompli. J'ai raté l'examen. Recalée sans repêchage...
J'envie ceux qui insolemment et naïvement ne s'interrogent jamais et vivent tranquille leur petite vie pépère sans questions. Car si demain est un autre jour et que d'y arriver pas à pas est une façon comme une autre d'atteindre ses objectifs, le vent contraire est parfois si froid et brûle la peau...