Mon fils, Je me demande si un jour tu liras ces
Mon fils,
Je me demande si un jour tu liras ces lignes. Si un jour tu sors de ta morosité et si nos efforts constants t'auront guéri enfin de tout ce chagrin que tu portes au fonds de toi, tu t'autoriseras peut-être à écouter et à lire ce que j'ai écrit. Parce que, en vrai, mon fils, tous ces mots que je couche sur ces fonds colorés sont en partie pour toi. Pour te laisser une trace. Pour que tu aies accès à ta peine et que tu comprennes par où tu es passé. Il m'a fallu tant de temps à moi pour décripter mes blessures que j'aurais voulu t'épargner cette peine à toi. Mais je me suis prise au jeu et écrire est devenu une nécessité. J'ai ressenti combien cela me faisait du bien.
Mon Amour, mon Amour de vie, j'ai tant crié sur toi, j'ai tant lutté pour toi, et je n'ai parfois rien compris. Tu as crié, tu as lutté, et enfin, te voilà grandi, prêt à dévorer la vie avec tes yeux plus ouverts que jamais. Mais laisse un peu cette intransigeance de côté et comprends que lui aussi a fait des choix. Il ne faut pas, mon Coeur, que tu te fermes à lui, maintenant que tu as compris. Il t'aime aussi tellement à sa façon. J'ai eu si mal que je ne peux pas concevoir que quelqu'un, quel qu'il soit, passe par là à son tour. Il te faut juste du temps. Comme il t'en a fallu pour grandir. Toi aussi, tu es face à des choix désormais qui passent par des blessures que tu infligeras à ceux qui comptent le plus à tes yeux, juste pour leur éviter pire. Mais devant leur innocence, il te faut du courage pour persévérer dans ton chemin et avancer vaille que vaille.
Mon fils, je me demande souvent comment tu penseras à moi, demain, quand je ne serai plus là. Quelle sorte de mère j'ai été pour toi. J'espère juste, qu'au moins, la veille de ton départ vers ta fin, dans très longtemps, tu auras compris mes choix. Tu vois, je ne suis pas très exigeante. Je sais que le temps est mon allié. Vis ta vie, mon coeur. Qu'elle soit belle, que tes choix soient simples et qu'ils n'impliquent que ceux qui peuvent les assumer avec toi. J'ai pour ma part la chance d'être ta Maman et d'avoir en conséquence pour toi une sorte d'a priori positif. Quoique tu fasses, même si sur le moment, "j'ai la haine", je garderai toujours cette joie au coeur quand ta silhouette se dessine au loin.
Qui serais-je quand tu viendras me voir, vieillissante, à l'aube du Grand Voyage, perdue dans mes souvenirs et mes dates? Qui seras-tu, toi, quand mon coeur tressaillera au moment où j'entendrai ta voix au loin? Il nous faut du courage pour aller jusque-là mon fils. Beaucoup de courage et de patience. Il en faudra encore plus quand nous y serons.
En attendant, couvre-toi bien. Fais attention à toi et appelle-moi de temps en temps......
Maman