mes mots

Mes mains courent sur le clavier. Elles effleurent les touches. Les mots s'écrivent et prennent forme par delà ma volonté et leur vie devient si dérisoire après avoir vécu si fort dans mon corps. Je les ai senti éclater comme des  bulles au fond de ma poitrine. Je les ai contenus, domptés, cajolés au fond de moi pour mieux les garder et les offrir à mes doigts le moment venu.

Et puis ces petits traits bleus sur mon écran se font mots, et n'ont plus le goût de l'intérieur. La frustration est forte et je rage de ne pas trouver le jeu qui habiterait ma pensée là où je voudrais qu'elle vive.... Je bloque, puis je lâche pour laisser à plus tard l'insatisfaction.

Me reviennent alors les goûts de l'enfance, les ombres qui jouaient dans la rue devant chez ma grand-mère, l'eau de la fontaine qui clapotait et qui berçait mes siestes de petite fille. Me revient la nostalgie du feu dans le poêle, le poids des bidons remplis de bois qu'il fallait trimballer plusieurs fois par jour pour chauffer la cuisine et la chambre. L'odeur des draps dans l'armoire, le porte-monnaie rouge où se cachaient les sous pour la glace du dimanche. L'odeur de sa lotion pour le visage, son eau de Cologne, médicament universel qu'elle utilisait pour tout et n'importe quoi.

Quel chemin ai-je fait depuis? Quel regard a-t-elle sur moi désormais? Suis-je encore quelque part la petite fille blonde à bouclettes dont elle caressait la tête des heures durant? Je m'asseyais à ses pieds sur une sorte de petit banc, la tête sur ses genoux et sa main se posait sur mes cheveux qu'elle câlinait doucement. Le temps n'avait plus de prise..... Le chagrin n'existait plus. Il n'y avait que l'Amour. 

Puis les années ont passé et j'ai cherché à retrouver la quiétude de ces heures douces bercées par le tic tac de l'horloge et le cliquetis des aiguilles à tricoter. J'ai cru la toucher quelques fois mais dès que je la saisissais elle s'écoulait entre mes doigts comme le sable quand on joue sur la plage. L'eau de mes yeux n'y faisait rien et j'ai joué longtemps à reconstruire le château, infiniment, infatigablement.

Ma tête s'est faite lourde à certaines heures jusqu'au jour où le vent du Nord a soufflé sur ma peine. Il a balayé mes doutes, certaines de mes craintes et redonné confiance à mon pas. Il ne me reste plus qu'à apprendre à savoir dans quel sens il souffle, s'il est plus froid le matin ou le soir et comment ses colères ébranlent. Peut-être que ce vent m'apportera enfin à nouveau la paix, la sérénité d'une main dans mes cheveux  et que mes bulles me sembleront un peu moins dérisoires.....

Comments

[romaine]

As-tu vu le film ou éventuellement lu le livre "Chocolat"? j'aime mieux le livre, mon imagination est plus intense...Les souvenirs sont les plus beaux cadeaux de la vie...Bisous