Je n'imaginais pas que la souffrance morale
Je n'imaginais pas que la souffrance morale puisse être aussi difficile à supporter. Je pensais avoir ma dose de souffrances physiques nécessaire à supporter celles morales. Ben non. Faut croire que non. Je vais crever. Je vous jure. J'ai mal à en crever. Juste envie de pleurer tout le temps, juste le coeur qui bat à l'envers. Je n'ai plus rien. Ni tolérance, ni sourires, ni gentillesse, ni moi. Je suis perdue. Je me cherche à travers un brouillard épais et je tourne en rond.
Il y a, certes, de temps en temps la lueur d'une cheminée, celle d'une enseigne de crêperie, l'étoile au dessus d'un nid de princes et de princesses où je me réfugie à l'ombre d'âmes en paix. Mais leurs pieds vont finir par leur faire mal. J'en ai pris pour un moment.
Mes idées s'affrontent. Il me reste encore des lambeaux d'incompréhension qui font saigner ma clairvoyance. J'ai mal au coeur. J'ai envie de vomir cet amour utopique qui fut si toxique et dont je ne me débarrasse pas encore tout-à-fait.
Il y en a qui sont attendris encore par leurs heures brillantes de cérémonie. Il y en a qui se souviendront toujours de la couleur de la robe de leur dulcinée. Il y en a qui sont bouleversés des imperfections de celle qu'ils ont dans le coeur. Est-ce eux qui ont raison? Est-ce ce rêve de mon adolescence qui est réél? Ou se fourvoient-ils dans un mensonge éhonté à eux-mêmes et aux autres? Je ne peux pas croire si c'est faux qu'on nous laisse filer toute une vie à chercher. Je ne peux pas croire qu'on puisse finir sa vie sans rencontrer la moitié de soi qui nous manque. Je ne peux pas croire qu'on ne sache aimer à s'en faire péter le coeur autant qu'on aime la chair de sa chair. Je ne crois pas qu'il est possible de vivre sans connaître ce sentiment. En même temps, pourquoi ne guérit-on jamais tout-à-fait? Comment se fait-il que déçus , nous cherchions encore?
Je vais guérir, je m'en sens assez forte. Mais la brûlure est profonde et la cicatrice sera longtemps blanche et sensible.